Guillaume plaît


Assez pudique de manière générale, Guillaume Pley est d’abord un amoureux de la radio. De galère en galère, Guillaume a mis du temps à pouvoir manger à sa faim durant ses premières années avec un salaire pour trois ou quatre personnes, une Renault 5 achetée 150 € à une casse pour aller chercher son équipe et la déposer après l’émission. Une période qui a forgé son caractère et qui lui a permis de savoir ce qu’il ne voulait plus vivre. Rencontre avec un homme de création de contenus qui a atteint son objectif de reconnaissance et qui est désormais équilibré et heureux avec sa nouvelle plateforme Legend.

Consommateur maladif et vrai drogué de radio, Guillaume ne l’écoute plus. Dans sa Tesla et sur son smartphone, il écoute des podcasts ou des TEDx. “La radio, pour écouter de la musique, ça n’a plus de sens puisqu’aujourd’hui, j’ai Spotify et je me mets les musiques que j’aime. Tout de suite. Je me fais six, sept morceaux dans ma playlist pour venir au bureau et j’écoute. […] J’étais invité chez Vandel. C’est super sympa. Le moment dure sept minutes fois deux et après entre sept minutes t’as sept minutes de pub. Du coup, j’ai naturellement pas le temps et c’est pas du tout une critique. C’est juste pour ma personne. Sur treize minutes, je ne vais pas passer sept minutes à écouter des pubs. Je vais écouter Vandel en podcast après”, justifie Guillaume.

Aujourd’hui, selon Meta, avec qui Guillaume a déjeuné, depuis 2021, il y a 100 fois plus de contenus en seulement deux ans qu’avant 2021. Guillaume écoute donc des vidéos sur son scooter avec YouTube Premium qui lui permet de s’informer sur des sujets dont il va parler dans ses vidéos. C’est donc sur Spotify par le biais des classements Top 50 France, Top 50 Inter et Futurs Hits qu’il découvre les nouveautés. Ainsi que sur Twitter. “J’essaie toujours d’être à jour, d’écouter un peu tout et du coup, je vais écouter les morceaux dont tout le monde parle sur Twitter. Voilà, et en fait ça va plus vite.”

Le monde change

Aujourd’hui, les personnes n’ont plus 45 minutes et l’offre étant diverse et riche, il faut fournir la version qui va bien : “J’ai fait plusieurs méthodes de consommation pour Le QG et je fais pareil pour Legend. Il y a des gens qui ont 45 minutes toujours ou qui vont les avoir dans la semaine pour quelqu’un qu’ils aiment. Et il y en a qui ont trois minutes et il y en a qui ont une minute dans le bus. Ils vont te donner une minute d’attention. Eh ben, je vais leur mettre la meilleure minute de François Hollande. Le truc le plus drôle qu’il ait dit. Le hook, le crochet qui va les faire revenir”, dévoile Guillaume.

Guillaume a donc créé son émission sur le numérique avec une approche d’abord commerciale. “J’ai créé Le QG de manière commerciale. Je me dis OK, comment ils vont la consommer et après je vais faire de l’artistique dedans.”

Guillaume croit en la radio locale mais il faudrait réinventer les codes. Pour ce qui est de la télé, il estime qu’elle ne pourra vivre que pour les grands évènements fédérateurs. “Un truc qui va vraiment faire marcher tout le peuple ensemble. Pour moi, c’est la télé de l’avenir, sur les grands évènements, sur le match de foot, les grands évènements en direct, les grandes interviews. On fait l’interview du roi d’Angleterre, on fait l’interview du Président, on fait des grands shows, des grands primes en direct, des trucs comme ça fonctionnent encore, même si c’est de moins en moins fort, ça marche encore.”

Guillaume le créateur

Guillaume crée le contenu qu’il aurait aimé voir ou entendre. Que ce soit sur NRJ Belgique en tirant une fusée de détresse de manière illégale d’un toit pour que tous les jeunes qui écoutent voient une boule rouge dans le ciel depuis chez eux, ou en interviewant, sur Le QG ou Legend, Louis Boyard et Éric Zemmour le lendemain. “Une liberté absolue où je peux faire des flics et des gangsters sur le même siège. J’ai fait François Hollande et un braqueur de banque sur la même émission dans une semaine, c’est rigolo”, raconte Guillaume.

La création de contenus n’est donc plus réservée à certaines élites ou à certains décideurs qui font la pluie et le beau temps. Et parmi les 150 000 nouveaux influenceurs sur YouTube, beaucoup n’habitent pas à Paris, et cela réjouit Guillaume : “Je suis content aujourd’hui qu’on ne soit plus sous le joug de cinq directeurs d’antenne qui font la loi de tout Paris. […] Avant, il y avait un gâteau rond, maintenant il y a plein de petites parts. Aujourd’hui, tu peux t’instruire. Il y a des gars, ils ont 2  000 abonnés. Ils te font des reportages mieux que beaucoup de chaînes de télé avec rien. Et les mecs, ils les ont bossés six mois, c’est des profs d’histoire…”

Car c’est bien la liberté qui caractérise Guillaume et ses pérégrinations. Liberté de production, de décision, de matériel à utiliser et d’invités sans validation de hiérarchie. “J’ai été contacté par des émissions de télé, par des chaînes de télé pour revenir. Mais le problème, c’est qu’après on va me dire  : « Tiens, bah t’arrêtes d’interviewer les gangsters », alors que c’est ce qui fait le plus de vues, puis je suis obligé de recevoir que les animateurs télé de la chaîne…”, expose Guillaume.

De la place pour tout le monde

Guillaume est très heureux de la multitude de contenus disponibles lui permettant de se former et de s’informer avant de recevoir ses invités. “J’ai regardé un docu sur les pyramides juste avant qu’on se voie. Je reçois dans Legend un explorateur. C’est passionnant. Tu peux regarder des trucs sur Internet aujourd’hui, ils ont découvert un passage secret dans la pyramide de Khéops. C’est l’avantage du digital.”

Guillaume n’a jamais fait autant de radio que maintenant. Car, pour lui, poser la question à DJ Snipe sur NRJ et François Hollande sur Legend, c’est juste un autre canal de diffusion mais c’est la même chose au final. “C’est juste le bout du fil de ton micro qui part et qui n’est plus consommé par le biais d’une radio. Mais plus personne n’a une radio au bord du lit, ou quasiment plus, surtout chez les enfants. Ils ont plus de radio mais plus du tout. Moi, j’ai plus de lecteur de CD chez moi, c’est tout bête. J’ai plus de lecteur de DVD. Le monde a changé.”

Un jour, Nikos appelle Guillaume Pley après un passage sur M6 alors qu’il ne le connaît pas. Il lui donne le conseil de ne pas changer de ligne éditoriale, de choisir sa route. Un conseil que Guillaume a gardé précieusement jusqu’à aujourd’hui. Mais pour tenir dans la création de contenus, il faut penser finances et Guillaume est très pragmatique en matière de modèle économique : “Si tu fais une vidéo chez toi avec ton appareil et que c’est toi qui montes et que c’est toi qui crées ton plan, il est très simple. C’est des entrées, c’est des sorties. Quand tu as 25 collaborateurs, des pigistes externes, des mecs qui sont là deux jours par mois, des renforts, des maquilleurs, là, t’es obligé de faire un business plan pour essayer de savoir combien t’auras de rentrées et de sorties.”

Dix-huit ans d’interviews

Le syndrome de l’imposteur, Guillaume l’a toujours eu mais après dix-huit ans d’expérience, se lancer dans un nouveau projet comme Legend semblait très naturel. Un projet où le créateur ne la joue pas perso. Les vidéos de Legend ne sont pas sur sa propre chaîne YouTube tout simplement car il désire mettre en avant l’équipe de copains qu’ils sont dans la vie et qui travaillent dur avec une ligne éditoriale qui n’en a pas en fait. Puisque chaque collaborateur propose ses sujets. Mais Guillaume est aussi très curieux et il écoute énormément de contenus sur YouTube. Il recrute même des invités sur les différents TedX qu’il regarde. Et s’il est curieux, c’est pour mieux “avoir des biscuits” qu’il puisse utiliser dans sa rencontre avec l’invité. Car c’est cela qui fait vibrer Guillaume. Rencontrer des personnes comme s’il les rencontrait dans une soirée tout en sachant un minimum de choses sur leur secteur pour pouvoir alimenter le débat. Ce qui ressemble fortement à ce que l’on cherche aussi dans le podcast…

Fondateur chez EDITIONS HF
Je suis Philippe Chapot, le fondateur de Podcast Magazine, Le POD, La Lettre Pro de la Radio, le Paris Radio Show et je suis en veille permanente dans les secteurs de la radio, de l'audio digital et du Podcast.
CHAPOT PHILIPPE

Newsletter

À propos de l'auteur /

Je suis Philippe Chapot, le fondateur de Podcast Magazine, Le POD, La Lettre Pro de la Radio, le Paris Radio Show et je suis en veille permanente dans les secteurs de la radio, de l'audio digital et du Podcast.

Indiquez ce que vous cherchez et appuyez sur Entrée pour effectuer la recherche