La découvrabilité des podcasts
Voilà un sujet qui n’est pas forcément abordé. C’est bien dommage. Il concerne la découvrabilité des podcasts. Ou l’art et la manière de découvrir des podcasts engageants, intéressants et, plus encore, qui répondent à vos choix, à vos goûts et à vos envies du moment, à vos envies dans l’instant.
C’est comme lorsque vous décidez de louer un film et de le regarder en streaming. L’offre, qui est souvent gargantuesque, devient naturellement un frein. Parce que le téléspectateur doit consacrer du temps, souvent plusieurs minutes, pour faire son choix. Et bien, dans le cadre de l’écoute d’un podcast, c’est le même processus : l’offre est tellement gigantesque que l’on ne sait pas vers quel podcast jeter son dévolu. Résultats : seuls les podcasts qui bénéficient d’une forte notoriété, c’est-à-dire d’un fort accompagnement, d’un imposant soutien médiatique, génèrent de l’audience. Les autres, la très grande majorité, passent sous les radars.
Tout cela a des conséquences désastreuses pour l’ensemble d’un marché, jeune marché qui est en train de structurer. Moins votre podcast génère de l’audience et moins il crée de l’engouement pour celui qui le porte (de la motivation si vous préférez, celle qui vous sert à le produire). Donc, plus l’engagement du podcasteur diminue et s’essouffle, plus celui-ci jette rapidement l’éponge. S’échanger la liste de ses podcasts préférés, les conseiller à ses amis, les partager sur ses réseaux sociaux est une solution mais, soyez-en sûrs, elle ne suffit pas et demeure un levier que l’on qualifiera d’epsilonesque.
Alors que faire ? D’abord, l’auditeur doit comprendre que ce n’est pas parce qu’un podcast génère de l’audience qu’il répond à ses goûts et à ses envies. C’est trop facile. Car à l’inverse, vous croiserez sur votre route d’auditeur des productions anecdotiques qui seront malgré tout, des podcasts qui répondront à vos attentes.
Dans le monde du podcast, et en particulier dans le monde complexe de l’auditeur, comme dans les pans d’une société civiilisée, il y a ce que l’on appelle une majorité silencieuse. Elle est toujours en attente d’évolutions. Ici, il s’agit d’évolutions techniques ou, on va dire, pour être plus précis, d’évolutions algorithmiques, qui lui permettraient d’écouter, encore davantage, des podcasts en accord avec ses choix. Et ça, c’est bon pour l’ensemble de l’industrie.
Enfin, pour que l’échange de podcasts fonctionne entre plusieurs individus (comme on le fait dans cette Room), il faut une condition sine qua non, indispensable, obligatoire, impérative : que ces individus appartiennent à la même communauté politique, philosophique, économique, sociale, sexuelle… à la même tribu, sinon ça ne fonctionne pas. C’est un peu comme les vidéos que l’on s’échange sur les réseaux sociaux ou sur les messageries. Si vous n’avez pas les mêmes affinités, les mêmes atomes crochus ou, a contrario, les mêmes antagonismes et les mêmes antipathies que ceux qui vous les envoient, ça ne fonctionne pas.
Vous le constatez en tant que producteur de podcast, ou surtout en tant qu’auditeur de podcasts, il reste encore (beaucoup) de chemin à parcourir pour améliorer la découvrabilité des contenus issus des plateformes.
Pour illustrer mon propos, j’emprunterais une phrase à un ancien Premier ministre : “Notre route est droite, mais la pente est forte”.
Ce texte est issu des “Billets” de Brulhatour que vous pouvez retrouver en direct tous les Lundis, Mercredis et Vendredis à 13h00 sur Clubhouse en cliquant ICI.