Podcasteur : faites-vous le pont ?


Je rappelle d’abord que ce Pont de l’Ascension est le seul pont possible durant ce mois de mai. Je me permets aussi d’indiquer que deux jours fériés sont récemment déjà tombés, mais le samedi, les 1er et 8 mai derniers. C’est ce que l’on appelle un mois de patron. Pour ne pas dire, une année de patron. Car, il ne vous reste que 3 autres ponts possibles en 2021 : le mercredi 14 juillet, le lundi 1er novembre et le jeudi 11 novembre. J’ai regardé, le 25 décembre prochain tombera un samedi. Mauvaise pioche donc.

C’est intéressant de regarder le calendrier et de se projeter dans les prochains mois voire dans les prochaines années. Cela permet d’anticiper. Je vais illustrer mes propos par un exemple concret. Actuellement, aux Editions HF, on termine un hors-série d’une centaine de pages sur les 100 ans de la radio et sur les 40 ans de la libéralisation de la FM parce que ces deux anniversaires seront célébrés fin mai – début juin. Si on avait appris la date de ces anniversaires, il y a seulement quelques heures, quelques jours ou quelques semaines, nous n’aurions pas eu le temps de chercher l’information, de parcourir les archives, de rédiger une centaines de pages, de mettre en pages, d’imprimer et de distribuer.

Ce que qui vaut pour la radio, vaut donc pour le monde de l’édition et pour celui des podcasts. On doit toujours se tenir sur ses gardes et être à l’affût de ce qui fera l’actualité dans un jour, dans une semaine, dans un mois, dans un an ou même dans 10 ans. Voilà pour le volet lié à l’anticipation qui, je vous l’accorde, est un peu hors-sujet mais qui explique pourquoi nous travaillons, nous, durant ce pont de l’Ascension. Cette année, c’est donc l’anticipation qui a empêché l’Ascension.

Doit-on en tant que podcasteur travailler les jours fériés ? Deux visions s’affrontent. La première qui consiste à dire : « les jours fériés et le dimanche, on ne travaille pas ». Pourquoi ? Parce que c’est comme ça depuis des lustres. Même Dieu se repose le 7e jour. Je partage cette vision des choses parce qu’elle tend vers un équilibre. Et l’équilibre quotidien ça compte : 8 heures pour le travail, 8 heures pour les loisirs et 8 heures pour le sommeil.
Aussi parce que, à force d’être trop présent chaque jour de l’année et à chaque instant, on s’installe, et plus grave encore, on installe une sorte de répétitivité et de monotonie. Il n’y a plus de soirée en amoureux, plus de samedi soir avec les copains et plus de dimanche en famille. Les jours finissent par se ressembler.
« Arrêtez donc d’emmerder les Français » disait Pompidou qui ne pensait pas si bien dire. Aujourd’hui, le flux d’information est désormais continue : à chaque minute, son information. Souvenons-nous, il n’y a encore pas si longtemps, les flux s’interrompaient le 24 décembre à 18h pour ne reprendre que le 26 décembre à 06h… Autres temps, autres moeurs, les gens qui désormais nous écoutent s’ennuient, il faut donc les désennuyer.

Le première vision consiste à être présent partout et tout le temps. Sans arrêt. Sans interruption. Le flux est permanent, il ne s’arrête pas. Jamais. À la radio, le meilleur exemple est celui de franceinfo. La seule chose qui peut ralentir ceux qui fabriquent ce flux permanent, c’est  la densité de l’actualité. Il y a un moment dans l’année où ce rythme ralentit malgré lui, c’est durant la trêve des confiseurs, entre Noël et le Jour de l’An. Il résiste le bougre ! En fait, il est obligé de ralentir car le flux d’actualités n’est pas suffisant pour le nourrir. C’est la période des rediffusions, des longues chroniques et des séries marronniers.  Un temps où la radio prend son temps.

Et puis, il y a la 2e vision. Celle qui consiste à faire montre d’intelligence et de bon sens. D’un point de vue d’un podcasteur, ces périodes de jours fériés, de ponts, de vacances voire de confinements… peuvent être des fenêtres de tir idéales pour engager et rééduquer une autre audience, capter et rééduquer un autre public. Pour schématiser, un public qui ne se laisse pas forcément trimballer par le filet d’eau tiède habituel mais qui a choisi de se positionner à côté. Un public, plus attentif, plus curieux et qui maîtrise mieux ses envies et ses pulsions ainsi que ses besoins et ses tentations.

Alors oui, il y a certainement de bonnes raisons pour un podcasteur de ne pas faire le pont, ou plutôt, de profiter d’un jour férié pour mettre en ligne son podcast. Une veille de week-end, un samedi matin, le premier jour des vacances, à l’heure où le soleil se couche… Il reste encore quelques carrefours temporels stratégiques. Si ces derniers trouvent une raisonnance avec votre contenu et si votre communauté y est sensible, vous devriez probablement vous intéresser, pas à la façon, mais au bon moment de mettre en ligne votre podcast.

Ce texte est issu des “Billets” de Brulhatour que vous pouvez retrouver en direct tous les Lundis, Mercredis et Vendredis à 13h00 sur Clubhouse en cliquant ICI.

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