Heureux qui fait des vagues
Le livre que vous tenez entre les mains est bien plus qu’un magazine. Pour ses heureux détenteurs, c’est le reflet de notre « industrie » naissante, encore loin d’être mature. Il n’est pas plus difficile aujourd’hui de se lancer qu’il y a 10 ans. Au contraire, c’est beaucoup plus facile. Les outils se multiplient, nous permettant d’optimiser les tâches chronophages. Les ressources augmentent, et les personnes expérimentées aussi. Et la concurrence ?
Si j’ai un conseil à vous donner – car c’est un peu le concept de ce magazine de donner des conseils –, c’est de ne pas regarder autour de vous. En écrivant cela, je pense immédiatement à LinkedIn, Instagram, Facebook, X ou YouTube. Ne lisez pas ces tonnes de posts – dont 40 %
sont générés par des robots et, désormais, de plus en plus par de l’IA – d’autosatisfaction permanente ou de recommandations ayant pour seul objectif d’attirer votre attention et d’épuiser votre dopamine, manipulée par ces algorithmes sophistiqués.
Cette dopamine, que vous générez sans vous en rendre compte, en regardant les vidéos et les posts diffusés à travers un soigneux calibrage des données de votre portable ou de votre compte Google, vous ne la récupérerez plus pour les autres moments de votre journée ou pour vos proches. Comme toute ressource, elle n’est pas illimitée.
En écoutant et en regardant ces créateurs de contenus de plus en plus nombreux, on se dit aussi qu’on n’y arrivera pas. Vous connaissez ce fameux « syndrome » dont tout le monde parle. On procrastine. Et tout le plaisir que l’on aurait pu avoir à imaginer, écrire, partager avec d’autres, observer, entendre, marcher… devient impossible, car l’envie est moins présente. Faire du podcast sans être hyperconnecté : est-ce vraiment possible ?
L’univers du podcast n’est plus aussi créatif. Il s’industrialise. Il se ressemble. Il se copie. Il s’imite et tente de reproduire ce qui marche, à défaut de prendre des risques. Combien ont copié, copient et copieront des formats comme Choses à Savoir, au risque de diluer l’innovation ?
L’original est toujours mieux que la copie. Alors, stoppez toute connexion pendant un mois. Ne tentez pas de « faire plus », de nourrir la machine. Ne suivez plus rien ni personne. Lancez-vous : enregistrez, montez, enregistrez, jouez, enregistrez, riez, enregistrez, écrivez, enregistrez, parlez… Passez votre temps, tout votre temps, à concevoir ce que vous désirez vraiment entendre. Ennuyez-vous ! Si l’on est incapable de s’ennuyer, comment pourrait-on se créer un imaginaire ? Je le répète souvent.
Au fond, cette surdose de superficiel pourrait être une bonne chose pour ceux qui réussiront à s’en sortir par eux-mêmes. Mais combien en sont capables ? Alors, je vous aide un peu : allez-y, lancez-vous ! Et si vous avez déjà un podcast, remettez-vous à l’ouvrage. Partez à l’opposé de ce que vous aviez envie de construire. Challengez-vous, challengez les gens autour de vous, les vrais gens. Le reste n’est qu’immatériel.
À vous de créer cet objet audio non identifié qui, je l’espère, générera des vagues de réelles émotions dans ce monde où les exprimer semble de plus en plus proscrit.
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