Joli Bordel, le nouveau podcast intime

 Joli Bordel, imaginé et incarné par l’autrice Nicole Kranz, ne cherche pas à séduire par la promesse d’un bonheur instantané, mais à dire le réel tel qu’il est : chaotique, intense, fragile et profondément humain. Avec des récits intimes sans fard, ce podcast choisit le désordre comme point de départ, et le vivant comme horizon.

Il y a des projets qui naissent de l’ennui, d’autres de la colère, certains encore d’un besoin urgent de créer des espaces où la parole circule autrement. Joli Bordel appartient à cette troisième catégorie. Nicole Kranz, déjà reconnue pour ses romans où l’intime s’écrit comme une matière brûlante, a décidé de tendre un micro à ces zones de vie que l’on cache habituellement, ces “bordels” intérieurs que chacun tente de dompter en silence. Mais ici, pas question de sombrer dans la plainte ou l’apitoiement : le ton est franc, direct, sans victimisation ni faux-semblants.

Les premiers épisodes, déjà disponibles, donnent le ton. Nicole y déballe avec le soutient de son ami écrivain Gary Laski des bagages lourds et encombrants : une famille bancale, des relations toxiques qui laissent des traces, la déception face à des proches qui trahissent, des traumas enfouis qui resurgissent, et surtout cette solitude particulière liée à la méconnaissance des maladies auto-immunes. En racontant ces histoires, elle ne cherche pas à se poser en modèle ni à tendre des recettes de développement personnel toutes faites. Elle propose simplement de mettre en mots ce qui déborde, de partager l’expérience brute de l’existence, et d’inviter l’auditeur à reconnaître dans ce chaos quelque chose de familier, peut-être même de libérateur.

La force de Joli Bordel tient justement dans ce paradoxe : mettre en lumière ce que l’on cache habituellement, et le transformer en matière vivante. Chaque épisode est construit comme une confidence, mais une confidence qui ne cherche pas à séduire, plutôt à résonner. La voix de Nicole, accompagne l’auditeur dans des méandres parfois douloureux, mais elle laisse toujours une place à la beauté des mots. 

Dans les prochains épisodes, le dispositif s’élargira à d’autres voix : invité·es, anonymes ou figures connues, viendront eux aussi déballer leurs “jolis bordels”. Car l’ambition de Nicole Kranz n’est pas seulement de parler d’elle, mais de faire de ce podcast un espace commun, un miroir tendu à chacun. Après tout, qui n’a pas son désordre intérieur, ses contradictions, ses blessures, mais aussi ses forces dissimulées ? L’enjeu est de montrer que ces chaos individuels peuvent devenir des récits collectifs, des histoires où l’on se reconnaît, où l’on retrouve un peu de soi dans la parole de l’autre.

Ce qui frappe, à l’écoute, c’est le refus des artifices. Pas de musique trop présente, pas de formatage calibré pour les algorithmes : Joli Bordel se déploie avec une authenticité rare, presque désarmante, et c’est sans doute ce qui fait sa singularité dans l’univers du podcast francophone actuel.