Portrait du jour : Judith Bordas


Le DINARD PODCAST FESTIVAL nous dévoile le portrait d’un invité ou un participant, acteur.ice du podcast créatif. Aujourd’hui : Judith Bordas.


CHAMP SONORE

Dramaturge et plasticienne, Judith Bordas travaille avec France Culture et la RTBF pour la réalisation de documentaires et créations sonores. Sa pièce, Traverser les forêts, a été diffusée lors de la soirée intitulée Le Parfum des femmes sur la plage de St Enogat.

Pourriez-vous présenter la pièce proposée pour le festival ?

Traverser les Forêts est un essai radiophonique qui a pour point de départ les lieux où une femme ne peut se rendre seule – des lieux par nature interdits et la manière dont nous bravons ces interdits. Pendant deux ans j’ai interrogé plusieurs femmes sur la façon dont leur corps existait dans l’espace public, dans l’espace en général, sur la relation qu’elles entretenaient avec la peur et les stratégies et les mécanismes qu’elles mettaient en place pour continuer à aller justement là où elles avaient envie d’aller. Cet essai radiophonique a été réalisé avec Annabelle Brouard et en partenariat avec France Culture, la RTBF et la RTS.

Quels sont vos liens à Phonurgia Nova ?

J’ai découvert Phonurgia en 2013, mon premier essai radiophonique y avait été diffusé ( Eric et Alminrinde ). Traverser les Forêts a obtenu le prix du Public en 2019. J’ai eu la chance de participer au stage Nouvelles Fictions en 2019 avec Alexandre Plank et Antoine Richard.

En quoi et pourquoi cette première édition du Dinard Podcast Festival est-elle importante pour vous et selon vous ?

Actuellement il existe un immense essor des productions sonores via le Podcast, ce qui pourrait laisser entendre que les auditeurs et auditrices préfèrent écouter de manière solitaire des créations, ajuster ces moments à leur quotidien or il y a quelque chose qui demeure magique dans le fait de se retrouver à plusieurs pour un temps d’écoute collective. On peut observer aussi ce besoin d’assemblée dans les lieux théâtraux où les créations sonores se développent de plus en plus. Et puis, après la période traversée, s’imaginer sur une plage pour un temps suspendu d’écoute fait un bien fou. CHAMP SONORE

Quand avez-vous compris, appris la puissance du son? Y-a-t-il un événement qui marque cela? Pourriez-vous nous le raconter ?

C’est en découvrant Lulu de Yann Paranthoën. Soudain j’ai entendu qu’il était possible de faire surgir un corps, de donner à entendre une condition sociale, par le son. Ma formation initiale était dans les arts plastiques et j’ai été saisie par le parallèle entre geste pictural et composition sonore. D’une part car l’identité du personnage de Lulu n’était pas traitée comme un sujet mais comme une rencontre : la subjectivité de l’auteur rendait vivante celle-ci. On assistait à un moment vécu. D’autre part j’ai été subjuguée par l’aspect rythmique, la composition des plans. Je n’avais pas encore de matériel de prise de son, mais après cela, je ne cessais de faire des travelling sonores en pensée dans les supermarchés, dans les parcs…

La création sonore est-elle un engagement politique pour vous ?

Oui, sans que ce soit conscient ou articulé autour d’enjeux précis. Disons que ce qui m’intéresse en premier ce sont toujours les trajectoires, les récits, ce qui se joue à l’intérieur des voix, de la posture des corps, des silences. Par où les corps sont passés, comment le récit s’est inscrit en eux. Donc oui, cet endroit du macro, du mini monde à l’intérieur des voix est un engagement politique. Ce qui amorce un projet pour moi est toujours la possibilité que le son, la présence des micros, puisse ouvrir un espace de parole, comme un terrain de jeu nouveau pour y déposer une histoire.

Quelle est votre actualité sonore en cet été 2021 ?
Je viens de terminer la mise en scène avec Annabelle Brouard de Fugueuses, histoires des femmes qui voulaient partir, un poème radiophonique et théâtral à Lyon qui sera en tournée en 2022. Cette forme hybride a été réalisée à partir d’entretiens avec des femmes et croise une partition pour une comédienne et une violoncelliste sur scène.

Auriez-vous une suggestion sonore à proposer ?
J’aimerais beaucoup recommander la pièce sonore On ne sait jamais de Christian Rosset. Il s’agit d’une forme complètement expérimentale entre fiction et documentaire où la figure d’un Kurt Cobain perdu se promène, entre fiction et rêves enchevêtrés. Il y a un parfum de I’m Not There de Todd Haynes ; les figures se croisent, se ressemblent, se reconnaissent. Traverser les forêts est disponible en écoute intégrale sur le site de France Culture.

Propos recueillis le 3 août 2021 par Hélène Courtel

Portrait à retrouver ICI

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